À la charnière des XIXᵉ et XXᵉ siècles, l’Art nouveau apparaît dans un monde transformé par l’industrialisation et précède l’Art déco. Les villes changent d’échelle, la bourgeoisie impose ses goûts et face à cette mutation, les artistes défendent une esthétique fondée sur le vivant. Ils réintroduisent le geste, la matière et le sens dans l’objet.
L’Art nouveau ne se limite pas à un courant décoratif, il affirme un projet global. Il irrigue l’architecture, le mobilier, le verre, la céramique, le bijou, l’affiche. Les formes s’inspirent de la nature et le végétal structure le décor. Les artistes observent le monde organique et construisent un langage à partir de cette observation.
Dans le domaine des arts décoratifs, l’Art nouveau transforme le rapport à l’objet. Le mobilier adopte des lignes organiques. Le bois se courbe, le métal se plie à la forme, le verre capte la lumière. La technique accompagne le dessin : l’artisanat dialogue avec l’industrie sans renoncer à l’exigence esthétique.
Plusieurs figures majeures du mouvement restent très recherchées en salles des ventes. Émile Gallé occupe une place centrale. Ses verreries, caractérisées par le verre multicouche et la gravure à l’acide, atteignent des résultats élevés lorsque le décor, l’état et la signature répondent aux critères d’exigence du marché. Les pièces signées Daum Nancy suscitent aussi un intérêt soutenu, en particulier les modèles végétaux et figuratifs issus des premières périodes.
Louis Majorelle incarne le renouveau du mobilier. Ses tables, bibliothèques, sièges et luminaires, lorsqu’ils sont authentifiés, suscitent des enchères soutenues. Les œuvres de René Lalique conservent une place majeure sur le marché. Ses bijoux et ses objets en verre moulé-pressé attirent une clientèle internationale. Les modèles rares atteignent des résultats importants.
Les œuvres d’Hector Guimard, notamment les luminaires, les éléments architecturaux et les ferronneries, demeurent très recherchées. Sur le marché de l’affiche, les compositions d’Alphonse Mucha affichent une cote stable et élevée. Les épreuves originales, dans un état de conservation satisfaisant, rencontrent une forte demande.
Le marché de l’Art nouveau repose sur des critères précis. Les collectionneurs recherchent l’authenticité, la provenance, l’état et la qualité d’exécution. Une signature identifiable, une documentation fiable et une typologie rare influencent directement les résultats en salle. Les productions les plus diffusées conservent elles aussi de l’intérêt lorsqu’elles témoignent fidèlement de l’esthétique du mouvement.
L’Art nouveau reste une étape majeure dans l’histoire des arts décoratifs. Il relie l’artisanat du XIXᵉ siècle aux débuts du design moderne. Il prépare l’avènement de l’Art déco tout en conservant une identité propre. Il incarne un moment où l’objet utilitaire porte une pensée, une vision du monde et une ambition esthétique.
Pour Maître Lagrange « ces œuvres rappellent qu’un objet ne se limite pas à sa fonction. Il porte une histoire, une époque, une manière d’habiter le monde ». Lorsque son marteau s’abat sur un vase Gallé ou un meuble Majorelle, un fragment de cette histoire change de mains.
